- HARPER’S BAZAAR
- HARPER’S BAZAARHARPER’S BAZAARCélèbre magazine de mode américain, Harper’s Bazaar a été associé pour le public au prestige de son principal propriétaire, le magnat de la presse William Randolph Hearst (1863-1951).Créé en 1868 par les frères Harper, le magazine Harper’s Bazar (qui ne gagnera son deuxième «a» que plus tard) a pour vocation, dès l’origine, d’offrir très objectivement à ses lectrices informations et illustrations de mode. Inspiré par une publication allemande intitulée Der Bazar , dont il imite souvent la présentation, le magazine reçoit ses illustrations d’Europe. Le style un peu laborieux de la publication s’améliore très sensiblement avec le changement de format, dans les années 1890; les couvertures, très soignées, reproduisent désormais des robes de la haute couture parisienne: la maison Worth y est particulièrement représentée. Des commentaires très précis décrivent chaque modèle. Le magazine évolue sans histoire et sans éclat jusqu’à l’arrivée de William Randolph Hearst.En 1895, William Randolph Hearst a entrepris de conquérir la maîtrise d’une partie de la presse américaine: il oppose son journal New York Journal à la toute-puissante pubication de Joseph Pulitzer, World . Selon le même schéma, il acquiert, en 1913, le magazine Harper’s Bazar , avec pour but d’en faire le rival de Vogue . Parmi les illustrateurs, on compte Bakst, Drian, Brunelleschi, Barbier. Les articles sur la mode sont l’œuvre de l’ineffable lady Duff Gordon, couturière et femme de lettres, qui signe «Lucille». Lady Randolph Churchill et la comtesse de Warwick achèvent de donner à la revue un parfum aristocratique.En 1915, le magazine publie pour la première fois des dessins d’Erté, l’ancien assistant de Poiret. Ces silhouettes fines et soigneusement stylisées deviendront une des caractéristiques de Harper’s Bazaar . Avec Henry B. Sell pour rédacteur en chef (1920-1926), le magazine acquiert un style amusant et accueille la contribution d’écrivains comme Arnold Bennett, Compton Mackenzie. À cette époque, Hearst possède vingt quotidiens, onze hebdomadaires et six magazines, couvrant tous les États-Unis. Illustrateurs et rédacteurs contribuent parfois indifféremment à l’une ou l’autre de ces publications.Fort des bénéfices considérables produits par ses autres publications, Hearst peut se permettre d’investir, parfois à fonds perdus, dans Harper’s Bazaar pour stimuler l’émulation entre les deux principaux magazines de mode américains: en 1922, il «vole» le photographe De Meyer qui travaillait pour Vogue depuis 1913 en lui proposant un somptueux contrat; dix ans plus tard, c’est au tour de Carmel Snow, l’assistante d’Edna Chase, rédactrice en chef de Vogue , d’être «recrutée» par Hearst.Carmel Snow, extrêmement volontaire, décide de modifier l’image, charmante mais désuète, de Bazaar . Elle engage comme directeur artistique Alexey Brodovitch, qui va révolutionner la mise en pages et l’illustration du magazine. Carmel Snow, qui apprécie peu les illustrations d’Erté, s’oppose à Hearst, qui déclare que c’est grâce aux couvertures d’Erté qu’on reconnaît Harper’s Bazaar dans les kiosques. Finalement, Carmel Snow aura gain de cause.À l’intérieur du magazine, la mise en pages extrêmement dynamique est signée Brodovitch: il «jette» dans un apparent désordre, sur deux pages, des photographies de jeunes femmes courant, sautant, se poursuivant, pour accompagner un texte sur les vêtements de sport. Ces photos, de Martin Munkacsi, feront école. Parmi les photographes, on trouve d’autres noms prestigieux: Man Ray, Erwin Blumenfeld... Parmi les écrivains qui collaborent au magazine, Cocteau donne des textes et des dessins sur Schiaparelli, Chanel. Diana Vreeland lance les articles cocasses intitulés «Why don’t you?».Mais progressivement Hearst se détache de son empire de presse et s’intéresse au cinéma: il finance en effet la carrière de sa femme, Marion Davies. En 1937, par suite des difficultés suscitées par la crise économique, Hearst revend Harper’s Bazaar .Après la guerre, Harper’s Bazaar compte des photographes comme Louise Dahl-Wolfe, Cartier-Bresson, Avedon, Jean-Loup Sieff. Le portrait devient alors une des caractéristiques du magazine.Ayant connu bien des tribulations dans les années 1970, le magazine s’est donné une nouvelle identité: format plus carré, faible épaisseur, il s’adresse plutôt aux femmes de quarante ans, comme en témoignent photos, articles et conseils de beauté.D’autres éditions de la revue, en Italie (à Milan) et en France, font preuve d’une vitalité et d’un souci de perfection esthétique qui leur donnent un style sophistiqué souvent bien supérieur à celui de leur homologue américain.
Encyclopédie Universelle. 2012.